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Photo du rédacteurXavier

Sur le vélo ou au travail : la « surperformance » grignote notre plaisir



Image par Pexels de Pixabay


Ces derniers jours, 2 articles sur le cyclisme m’ont interpellé. Le cyclisme m’est apparu comme un excellent miroir de ce qui se passe, de manière plus globale, dans le monde du travail. Notamment sur le lien entre recherche de (sur)performance et plaisir au travail.



Professionnalisation extrême

D’abord, j’ai lu une interview de Thibaut Pinot, un de nos plus grands champions français. Le titre de l’article dans l’Équipe est évocateur « Arrêter le vélo, j’y pense très souvent ». Pourtant, sportivement, Thibaut Pinot a encore de belles années devant lui. Alors comment comprendre sa réaction ? Dans l’interview, il dit prendre beaucoup moins de plaisir dans son métier et nous explique qu’il y a 10 ans, son sport était bien différent. Le cyclisme professionnel, ce n’était pas seulement la compétition. C’était aussi les copains, le temps de flâner et de profiter de la vie avant de commencer une étape du tour de France…


Aujourd’hui, il n’y a plus de temps pour flâner avant une course. Le cyclisme s’est « professionnalisé ». Avant les courses, les briefings sont maintenant beaucoup plus longs et plus techniques : stratégie millimétrée, étude du sens du vent sur l’ensemble du parcours… Et ça ne s’arrête pas au briefing. Pendant la course, en plein effort, les coureurs, équipés de micro et d’oreillettes, doivent échanger sur la stratégie à tenir avec leur directeur sportif. Même plus le temps de souffler. Le cyclisme s’est professionnalisé à l’extrême, les performances atteignent des records mais, dans le même temps, pour certains, le plaisir s’est envolé.



… et burn-out des sportifs


Deuxième article, quelques jours plus tard : « Pourquoi le Burn-out frappe-t-il tant de cyclistes ? ». Thibaut Pinot ne serait donc pas le seul. C’est même assez édifiant à la lecture de l’article, bien documenté, qui présente de nombreux cas similaires. Certes, le cyclisme est un sport très dur dans lequel les coureurs passent parfois plus de 7h sur le vélo, mais ce n’est pas cela qui semble les gêner. Ce qui est en cause, c’est une exigence de plus en plus forte sur les performances, sur l’intensité de l’entraînement, sur la diététique avec en toile de fond une mesure des performances de plus en plus précise avec toujours plus d’indicateurs. En quelque sorte une robotisation et donc une déshumanisation du métier.


Et en entreprise ?


Sortons maintenant du sport de haut niveau pour élargir nos observations au travail en entreprise. J’ai connu une entreprise où le plaisir était présent au quotidien et naturellement. Nul besoin de team building, le plaisir passait par une très bonne entente avec mon équipe, le fait d’avoir un bon équilibre entre un travail que nous faisions très bien et du temps pour échanger, discuter…


Puis cette entreprise s’est « professionnalisée » comme le cyclisme. Ou je devrais dire « industrialisée ». Un suivi beaucoup plus poussé des actions et des résultats, un découpage plus précis des missions de chacun, des objectifs sur des temps beaucoup plus courts, une activité mieux pilotée, mieux maîtrisée. Comme dans le cyclisme professionnel, les performances se sont envolées, mais, pour ma part, le plaisir aussi.


Beaucoup de personnes connaissent cette accélération des exigences. Dans cette situation de travail intense, découpé, mesuré, contrôlé, il est plus difficile pour les entreprises, même si les managers s’y emploient, de maintenir la motivation des collaborateurs. Pour tenter de maintenir l’engagement de leurs salariés, les entreprises essaient alors de recréer du plaisir. Mais ce plaisir devient construit et artificiel.


Certaines start-ups proposent par exemple des jeux pour « rebooster » les collaborateurs. Mais le bonheur au travail ce n’est pas le team building, les jeux, les concours… C’est plutôt la joie de travailler avec d’autres personnes qu’on apprécie sur un projet commun. C’est la joie d’être réunis par le travail mais aussi par d’autres choses. Et il est possible de partager d’autres choses à une condition : ne pas avoir constamment la tête dans le guidon, comme Thibaut Pinot.



Dérobotiser, réhumaniser


Si on « dérobotise » le cyclisme professionnel, Thibaut Pinot devrait retrouver du plaisir et tant pis si les courses sont moins intenses. Si on réhumanise l’entreprise, les salariés devraient retrouver plus d’équilibre, de sens et d’épanouissement et tant pis si un des indicateurs n’est plus en « surperformance ».



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Xavier est le fondateur de Reconverso

Ancien Manager RH, il a développé une méthode pour permettre à chacun.e de trouver une voie professionnelle qui lui correspond vraiment, avec une attention particulière au sens et à l'équilibre.

 

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